L’abat-jour en denim à réaliser soi-même

Emma François est intarissable sur l’Espagne. On la croit Marseillaise – elle vit depuis vingt-cinq ans dans la cité phocéenne –, mais elle est née à Montpellier et a grandi à Céret, dans les Pyrénées-Orientales. « Une petite ville située à la frontière espagnole, empreinte de culture artistique, où Picasso et Dalí ont vécu… Plus tard, j’ai passé beaucoup de temps à Cadaqués, puis à Ibiza et à Valencia, à la grande époque de la house music, pour faire la fête. »
En 1996, après un voyage en Amérique du Sud où elle découvre le savoir-faire textile des artisans, l’ex-étudiante en anthropologie lance Sessùn, une ligne de basiques féminins à l’esprit bohème qui s’imposera rapidement dans les vestiaires urbains. Sessùn Alma (« âme », en espagnol), adresse marseillaise ouverte en 2019, qui se veut à la fois boutique, galerie, librairie et cantine, marque un tournant dans l’histoire de la griffe.
Le lieu, dont la décoration s’inspire des cheminées en plâtre aux contours organiques de la céramiste Valentine Schlegel, fait la part belle à l’artisanat d’art, et accueille notamment des pièces d’artistes d’origine ibérique (Marta Bonilla, Adriana Meunié, Estefanía et sa marque asterisque…). Suivront le Sessùn Craft Prize, lancé en 2023, qui récompense les travaux de jeunes artisans, et Floraison créative, une carte blanche confiée à des artistes travaillant le bois ou la céramique.
Très bien accueilli en Espagne depuis ses débuts, Sessùn – plus de quatre cents points de vente aujourd’hui dans le monde – a ouvert ces dernières années des boutiques à Barcelone, Madrid et Palma, aménagées par Cobalto Studio dans un esprit mêlant « l’amour de la Méditerranée, l’art primitif et le brutalisme, avec une touche très contemporaine », dixit Emma François. Dans la nouvelle adresse parisienne de l’enseigne, inaugurée ces jours-ci près des Halles, ce dialogue entre mode et création artisanale se poursuit.
On y trouvera, par exemple, la lampe Ezia, avec son pied en terre cuite et son abat-jour élancé redécoré tour à tour par les tisseuses Lena Morelli, Annabelle Jouot ou Delphine Dénéréaz. « J’ai toujours vu ma mère fabriquer des lampes à partir de bouteilles en verre ou en terre, surmontées d’un abat-jour tapissé de bouts de laine… », raconte Emma François, depuis sa résidence minorquine. Pour ce numéro huitième numéro du Goût de M, en kiosque à partir du vendredi 13 septembre 2024, elle livre une version inédite de ce modèle, rhabillé de denim recyclé, à réaliser soi-même en suivant le mode d’emploi ci-dessous.
@emmafrancoisgrasset @sessun @sessun_alma
Matériel
Explications
Commencer par chiner un beau pied de lampe, pas trop volumineux (il doit être deux à trois fois moins haut que l’abat-jour) de type jarre en terre cuite, en veillant à ce que l’orifice permette de fixer correctement un kit électrique. Choisir une carcasse d’abat-jour cylindrique très haute. Celle de la photo mesure 38 centimètres de haut et 12,5 centimètres de diamètre.
Etape 1 Découper un rectangle de denim foncé de 45 sur 45 centimètres (mesures à affiner en fonction de la circonférence de l’abat-jour).
Etape 2 Dans deux autres pièces de denim de teintes différentes (noir, gris…), découper des feuilles et de grands pétales en suivant l’exemple du modèle photographié.
Etape 3 Placer les motifs découpés sur la première pièce de tissu (celle en denim foncé), en les superposant pour créer le décor végétal imaginé par les équipes créatives de Sessùn. Pour bien les fixer, on peut thermocoller les pièces avant de passer à l’étape couture (à la main) et broderie.
Etape 4 Pour coudre le décor et réaliser les broderies, utiliser le point avant, le point arrière et le point de surjet, en variant les couleurs de fils (exemples présentés dans les petites photos).
Etape 5 Une fois le panneau brodé à votre goût, replier le rectangle de tissu sur l’envers, pour coudre ensemble les deux côtés les plus hauts (à la machine de préférence, pour un maximum de solidité) afin d’obtenir le tube qui va gainer la carcasse de l’abat-jour.
Etape 6 Terminer en cousant à la main les bords de l’abat-jour en denim repliés autour du fil de fer, en haut et en bas de la carcasse. Installer ensuite l’abat-jour sur le système électrique fixé sur le pied de lampe.
Sabine Maida
Contribuer